
« Revalorisation de la rémunération mensuelle de base des personnels civils et militaires à un taux moyen de 5,2% ».
A pays exceptionnel, décisions exceptionnelles. L’escalier à trois paliers que constitue la nouvelle grille salariale dans l’optique du nouveau salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) n’a pas fini de surprendre et d’alimenter les discussions.
Le décret présidentiel portant « revalorisation des salaires de base des personnels civils et militaires à un taux moyen de 5,2% », et le décret d’application signé par le premier ministre Chief Joseph DION NGUTE ont étalé à la face du monde le traitement disproportionné des corps sociaux au service de l’État.
Il apparait que le corps social auquel l’État accorde le plus d’attention est constitué des hommes en tenue (Militaires, Policiers, fonctionnaires de l’administration pénitencière). Les salaires culminent entre 570 189 FCFA (indice 1400) et 639 711 FCFA (indice 1600).
Tandis que les autres corps sociaux (magistrats, enseignants et autres fonctionnaires civils) culminent à l’indice 1400, soit un salaire de base de 355 378 FCFA. Ce qui ne justifie pas l’utilité des uns par rapport aux autres.
A regarder de près, la différence ne s’expliquerait pas du fait des diplômes d’entrée au service de l’État, mais des stratifications (grades) qui jalonnent les corps des hommes en tenue. De telle sorte qu’au Cameroun, un professeur d’université ne puisse pas gagner autant d’argent qu’un Commissaire de police ou un officier de l’armée. Paradoxe !
Cette disparité devient encore plus criarde lorsque l’on aborde les personnels relevant du Code de travail. Le SMIG dans cette catégorie de salariés est fixé à 41 875 FCFA, tandis que l’agent qui trône à la catégorie XII et au 12e échelon s’en tire avec un salaire de base de 247 072 FCFA.
Où l’injustice est observée, c’est l’option prise par l’État de discriminer le SMIG qui devrait être identique pour tous les corps sociaux salariés. Ici ils ont estimé que, contrairement aux personnels relevant du Code du travail, les personnels des secteurs agricoles et autres méritent 45 000 FCFA, et les autres secteurs d’activité 60 000 FCFA.
L’on se serait attendu, après la discussion avec les différents syndicaux, que le SMIG au Cameroun soit porté de 36 000 à au moins 50 000 FCFA pour tous. Cela aurait arrangé tout le monde. Malheureusement il n’en n’a rien été.
Or certains partis politiques, à l’instar du Mouvement Réformateur, avaient proposé que le SMIG passe à 90 000 FCFA et le salaire minimum à la fonction publique à 120 000 FCFA. Il aurait ainsi, selon ce parti politique, lutté contre l’injustice.
Le décret du premier Ministre, Chief Joseph DION NGUTE, est interprété par les camerounais comme l’expression vivante de l’injustice que les « gens d’en haut bien placés » infligent aux «gens d’en bas dont le quotidien est fait de galères ».
Augustin Roger MOMOKANA