
L’Honorable TADONKENG Maurice a été le secrétaire général N°2 du Social Democratic Front (SDF). A ce titre il fut en son temps l’un des cadres du parti les plus proches du président national Ni John Fru NDI. Non content de la violation récurrente des textes du parti, il a pris ses distances et observe son ancienne formation politique de loin.
Le Chairman Ni John Fru Ndi que vous avez connu vient de décédé. Quelle est votre réaction à la suite de cet événement ?
Ma réaction est un regret parce qu’on ne doit pas perdre des compatriotes sans éprouver du regret. Mais parmi ceux qui meurent, beaucoup le sont à cause de la mauvaise gestion du pays. Son décès me gêne, mais il n’est pas exclu que son âge, la maladie, les remords et regrets politiques soient les causes de cette mort. Le Chairman n’était pas un enfant de cœur. S’il avait maintenu les positions du parti, le SDF serait resté une foudre de guerre. Malheureusement il a joué le jeu au point de tomber dans l’huile. John Fru NDI était un grand homme, un homme très courageux, un monsieur déterminé qui avait des soutiens très forts. De nombreux militants n’ont jamais compris pourquoi c’est lui qui a été placé à la tête du parti dont ils étaient nombreux à le créer. Pour ma part je me suis toujours dit qu’il doit cet honneur à son courage. Malheureusement ceux qui lui ont confié les rênes du parti constateront que le sucre étant sucré dans toutes les bouches, il a réussi à le prendre petit à petit au point d’en faire son sucre. Il devait être le président du Cameroun en 1992. Lorsque ce qui s’est passé s’est passé, il a refusé que le peuple camerounais descende dans la rue. Il a dit qu’il ne peut pas marcher sur le sang des gens avant d’aller à Etoudi. Biya a compris son message et s’est dit : « Ok tu es un bon Camerounais ! Viens on réfléchis ensemble.» Voilà comment il est allé se noyer dans la corruption. Vous savez, moi qui me trouvais près de lui, je ne pouvais pas imaginer qu’il accepte des choses pareilles. J’ai finalement compris plus tard pourquoi il était toujours très opposé à ce que quiconque des cadres du parti se rapproche des gens du RDPC. Il ne vous le pardonnerait jamais ! Curieusement il n’appliquait pas les résolutions du NEC. Lorsque nous nous avons enfin eu la conviction qu’il allait nuitamment à Etoudi, les courageux l’ont attaqué de front, en lui posant des questions sur les textes du parti qui prônait la lutte pour les libertés des Camerounais, que l’on doit écouter les camerounais et non pas une seule personne.
Vous avez claqué la porte du parti. Pour quelles raisons ?
Je ne suis plus du SDF, mais j’y suis parce que les idéaux qui m’ont poussé à adhérer à ce parti ont évolué négativement. Si bien qu’à un moment donné, quand j’attirais l’attention du chairman, il m’a dit « It is my party ! » C’est donc son parti et je n’ai rien à dire. Il avait commencé à me dire cela dans les années de braise. J’avais donc compris qu’avec le temps cela deviendrait un problème. En ma qualité de secrétaire général N°2, après le Secrétaire général Professeur ASSANGA. Cette façon de répondre m’avait froissé. Au cours d’une réunion, le professeur SIGA ASSANGA était si fâché qu’il a frappé ses propres lunettes sur la table. C’était d’une extrême gravité. La réunion a été momentanément suspendue et après quelques négociations les participants ont repris leur place dans la salle et la réunion s’est poursuivie. J’ai commencé à observer plus attentivement, et j’ai constaté comme il évoluait négativement. Contrairement à nous autres, ceux qui étaient éloignés du bureau n’étaient pas au courant du problème. Cela aura fragilisé et déstabilisé le parti.
Comment Osih Joshua devient vice-président ? Que disent les textes du parti en cas du décès du président national ?
Osih Joshua a été régulièrement élu vice-président du parti au congrès. Nous l’avions élu parce qu’il est un parfait bilingue. Il était très bien parti pour prendre le poste à cause de sa parfaite maitrise de l’anglais et du français. En plus il était jeune et nous le savions bourré d’énergie pour bien travailler pour le parti. Mais quelle n’a été la grosse déception ! Vous voyez l’exclusion des piliers du parti ? Cela est une erreur politique grave. Ceux-là réclament l’application des textes authentiques, et je suis d’accord avec eux. Mais lorsque des gens sortis de nulle part soutiennent le chairman dans une position contraire aux idéaux du parti cela peut avoir des effets inimaginables. Ceux qui ont été écartés du parti l’ont été en violation des textes. John Fru NDI n’était pas dans la légalité. Quand il meurt, il meurt avec ses mauvais actes. Les textes du parti ont été modifiés par un groupe qui voulait profiter. Mais ce que j’observe, c’est qu’il faut un courage de lion pour remettre le parti debout. Je souhaite que ce parti se relève. Mon souci c’est que le Cameroun soit effectivement démocratique. Qu’on fasse des élections véritablement libres et transparentes pour que celui a la confiance du peuple gagne. En ce qui concerne le SDF, je ne sais pas qui va organiser le congrès. Les statuts disent qu’au cours d’une réunion du NEC on choisit la date du congrès. Et ce n’est pas le président du parti qui choisit la date du congrès, mais le NEC. Le NEC est composté des présidents régionaux élus, des membres élus aux derniers congrès et du bureau du parti. Ce sont ces personnalités réunies qui décident de la date et demande au président de convoquer le congrès du parti. Maintenant, il me revient que le NEC a été escamoté par le Vice-président Osih Joshua. Néanmoins il revient, en l’état actuel de la situation, au vice-président de convoquer le NEC. Il ne doit pas laisser de côté les personnes élues par le congrès pour faire avec des gens coptés sur la base de je ne sais quoi.
Propos Recueillis par Augustin Roger MOMOKANA